Dans le communiqué publié à l’issue de l’événement parallèle, les participants ont exprimé leur inquiétude quant à la profondeur et à l’impact des crises :
« Dans un contexte de chute des prix des matières premières, de récession et maintenant de COVID-19, l’Afrique est confrontée à de graves difficultés alors que le fardeau de la dette augmente. Selon les données de la Banque mondiale, 18 pays présentent un risque élevé de surendettement – un nombre qui a plus que doublé depuis 2013 – tandis que huit pays sont déjà surendettés. La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation. La question n’est pas de savoir le montant de la dette accumulée, mais plutôt le coût élevé du service de la dette induit par la hausse des taux d’emprunt ».
Les organisateurs ont exprimé leur inquiétude concernant :
« ...le fardeau supplémentaire des pertes et dommages climatiques qui coûtent déjà 250 milliards de dollars par an aux pays en développement et la facture pourrait atteindre 700 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Il est évident qu’il faut se débarrasser de l’emprise de la dette et des politiques d’austérité, et augmenter de manière drastique le financement des services publics essentiels et des systèmes alimentaires durables afin de se remettre de la COVID-19 et de renforcer la résilience climatique : pour une réponse sanitaire globale et une vaccination de masse, pour prévenir une crise de l’éducation, pour étendre de manière considérable la protection sociale et renforcer la sécurité alimentaire. La prochaine Conférence des Ministres africains des Finances doit prendre des mesures décisives sur ces questions ».
Il convient de s’interroger sur la légitimité d’une partie de la dette extérieure du continent.
Dans leur « Appel à l’action », les OSC ont proposé divers moyens de garantir la disponibilité de ressources financières suffisantes pour permettre au continent d’acquérir des vaccins et de promouvoir la transition post-COVID vers un monde meilleur.
« Nous saluons les demandes des ministres des finances de soutenir l’émission, par le FMI, de 2 000 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux (DTS), ce qui pourrait rapporter 250 milliards de dollars à l’Afrique – fournissant ainsi les revenus nécessaires de toute urgence pour la riposte à la Covid-19. En outre, nous appelons les Ministres africains des Finances à exiger une large annulation de la dette jusqu’à la fin de 2022 et insistons sur le fait que si cette annulation n’est pas accordée, les gouvernements n’auront d’autre choix que de lancer une « grève de la dette » collective et globale.
Il existe également un besoin manifeste d’intensifier la lutte pour « arrêter l’hémorragie » du continent due aux flux financiers illicites en provenance du continent.
Parmi les autres mesures importantes à court terme figurant dans « l’Appel à l’action », on compte les suivantes :
- Les entreprises pharmaceutiques doivent garantir l’équité dans l’octroi de licences aux fabricants du Sud et la transparence dans l’approvisionnement et la tarification des vaccins dans la crise, et augmenter rapidement la production de vaccins génériques abordables.
- Des vaccins sans brevet ».
Par ailleurs, le Kenya accueillera en juillet 2021 la prochaine conférence du Partenariat mondial pour l’éducation, dont l’un des objectifs est de collecter cinq milliards de dollars pour réalimenter le fonds pour l’éducation.
Cet événement parallèle fait partie des nombreuses initiatives visant à relever les défis liés à l’énorme fardeau de la dette qui pèse sur le continent. Une partie du problème réside dans le fait que la dette est en devises étrangères et qu’elle n’a pas été utilisée pour financer un développement transformateur et équitable. Quelques-unes des solutions proposées (telles que l’émission de milliers de milliards de dollars en DTS par le FMI) doivent être examinées de manière approfondie.
Les organisations de la société civile (OSC) partenaires qui ont organisé l’événement parallèle ont décidé de poursuivre leur collaboration et appellent toutes les OSC à se joindre à elles, dans l’esprit de la solidarité panafricaine, afin, de réaliser, entre autres, des audits de la dette au niveau national et de continuer à engager les gouvernements africains, par l’intermédiaire des ministres des finances et du développement, et de l’ensemble des donateurs, mais aussi de veiller à ce qu’il y ait « une meilleure implication des organisations de la société civile africaine dans les négociations pour la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange continental africain » (ACFTA).